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La consommation d’alcool des femmes enceintes

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  La consommation d’alcool des femmes enceintes  Empty La consommation d’alcool des femmes enceintes

مُساهمة من طرف tunisiasniper الجمعة أكتوبر 22, 2010 2:16 am



La consommation d’alcool des femmes enceintes

La consommation d’alcool des femmes enceintes est un sujet sensible.
En cas d’excès occasionnels ou chroniques durant la grossesse, l’enfant
peut subir de nombreuses agressions susceptibles de provoquer
un handicap durable. Dans la littérature scientifi que, ces dommages
sont décrits en termes de syndrome d’alcoolisation foetale (SAF), d’effets
foetaux alcooliques (EFA) et de «Fetal Alcohol Spectrum Disorder»
(FASD). Ces effets peuvent être évités. En informant systématiquement
les femmes ainsi que leurs partenaires, on peut les encourager à la
plus grande prudence en matière de consommation d’alcool. Les futures
mères qui ont un problème d’alcool peuvent trouver un soutien
ainsi qu’une aide non stigmatisante auprès de spécialistes. En procédant
à un dépistage précoce, le personnel médical et paramédical
peut notablement contribuer à la sensibilisation et à la réduction des
risques.
Lorsqu’une femme enceinte boit de l’alcool,
celui-ci – ainsi que le produit de sa
dégradation, l’acétaldéhyde – passent
directement du placenta dans le sang de
l’enfant à naître. On parle alors d’une exposition
prénatale à l’alcool. L’embryon,
ou le foetus (on utilise le terme d’embryon
jusqu’au troisième mois, puis de
foetus), n’est pas capable de métaboliser
l’alcool comme l’organisme d’un adulte.
Il est donc exposé plus longtemps à ses
effets négatifs. La littérature spécialisée
décrit comment des troubles du développement
des cellules et des organes
peuvent être ainsi générés. La perturbation
se situe en particulier au niveau de
la différenciation des cellules nerveuses,
entraînant des dommages pour le système
nerveux central.
Selon le stade de développement de
l’embryon / du foetus, une exposition excessive
à l’alcool, qu’elle soit chronique
et / ou occasionnelle, peut entraîner des
lésion organiques et neurologiques. Par
exemple, un excès de consommation au
cours de la quatrième semaine de grossesse
peut altérer le développement de
la forme de la tête du bébé, qui a lieu à
ce moment-là.
Alcool et
grossesse
Comment l’alcool agit-il sur l’enfant durant la
grossesse?
Edité en collaboration avec
Alkohol im Strassenverkehr

problèmes liés à l’alcool. Par ailleurs, les
changements observés ces dernières
décennies dans les rôles sociaux traditionnels
conduisent de plus en plus les
jeunes femmes à adopter des styles de
vie et de consommation proches de
ceux des hommes. Il ressort en effet des
enquêtes menées en Suisse que la consommation
d’alcool chez les femmes est
globalement en baisse depuis le milieu
des années 70, mais que, depuis le milieu
des années 90, le nombre de consommatrices
dites à risque (plus de 20 gr
d’alcool pur par jour et / ou ivresses) ne
diminue pas dans la même proportion.
Environ 140 000 (4.4 %) femmes ont une
consommation d’alcool chronique et / ou
à risque (Enquête suisse sur la santé,
2002). En outre, les états d’ivresse chez
les femmes en âge de procréer ont augmenté
ces dernières années. Les risques
de dommages pour les enfants à naître
ne sont donc pas négligeables. Il est cependant
à relever que les femmes buvant
de façon problématique ne s’engagent
de loin pas toutes vers une grossesse et
que la plupart d’entre elles renonceraient
à leur consommation ou la réduiraient en
cas de maternité. Aussi convient-il de rester
prudent lorsqu’on tente d’estimer la
taille effective du groupe à risque.
Syndrome d’alcoolisation foetale
(SAF), effets foetaux alcooliques
(EFA) et «Fetal Alcohol
Spectrum Disorder» (FASD):
qu’entend-on par ces termes?
Pendant longtemps, lorsqu’un nouveauné
présentait des anomalies de développement
dues à l’alcool, on imputait celles-
ci à la mauvaise qualité du sperme paternel,
à l’hérédité, à la misère, etc. Le fait
que l’alcool puisse avoir des conséquences
directes sur l’enfant durant la grossesse
n’a été reconnu que tardivement.
La description clinique d’un ensemble
clairement identifi able de symptômes
résultant de la consommation prénatale
et postnatale d’alcool par la mère, autrement
dit un «syndrome d’alcoolisation
foetale» (SAF), n’a été publiée qu’en 1968
en France, puis quelques années plus
tard aux Etats-Unis.
Syndrome d’alcoolisation
foetale (SAF)
Ce terme se rapporte à un tableau clinique
caractéristique de dégâts organiques,
neurologiques et psychosociaux
affectant un nouveau-né et dus à la
consommation d’alcool excessive et / ou
chronique de la mère pendant la grossesse.
Les effets de cette consommation
peuvent être constatés depuis la naissance
jusqu’à l’adolescence et à l’âge adulte.
Effets foetaux alcooliques (EFA)
Il s’agit de troubles particuliers faisant
partie du SAF, survenant notamment au
niveau neurologique. Ces troubles peuvent
affecter les facultés cognitives et
psychosociales tout autant que le SAF
et ne doivent donc pas être considérés
comme des manifestations atténuées de
ce dernier.
Fetal Alcohol Spectrum
Disorder (FASD)
Dans la littérature récente, les auteurs utilisent
plus volontiers la notion de «Fetal
Alcohol Spectrum Disorder» (FASD), qui
indique que les effets l’alcool peuvent
conduire à un syndrome à spectre variable.
Le FASD est un terme générique couvrant
l’ensemble des altérations occasionnées
par l’alcool chez un nouveau-né.
Dans notre société, la consommation
d’alcool et plus encore l’ivresse ont été
longtemps considérées comme des
comportements typiquement masculins,
ce qui n’est plus forcément le cas
aujourd’hui. Le rôle social qui leur était
traditionnellement assigné exigeait de la
part des femmes une plus grande retenue
dans ce domaine. Ainsi, les femmes
ivres, voire alcooliques, étaient exposées
à une discrimination plus impor tante
encore que les hommes qui buvaient de
manière problématique.
Nombreuses restent aujourd’hui les femmes
– surtout lorsqu’elles sont mariées
et ont des enfants – qui se conforment
aux normes traditionnelles régissant la
consommation d’alcool; statistiquement,
elles sont ainsi plus souvent abstinentes
et globalement, elles sont moins nombreuses
à adopter une consommation à
risque. Néanmoins, l’accès facilité aux
boissons alcooliques et l’augmentation
de la tolérance vis-à-vis des femmes qui
consomment de l’alcool, de même que
la propension à boire en cachette pour
faire face au surmenage (double journée)
ou à des problèmes conjugaux ou
familiaux peuvent conduire des femmes
à une consommation à risque et à des
Les femmes et la consommation d’alcool en Suisse
Un diagnostic fi able de SAF n’est possible
que lorsqu’une consommation d’alcool
problématique est avérée chez la
mère et que les trois critères suivants au
moins sont remplis:
– Retard de croissance pré- et postnatal
– Caractéristiques physiques visibles,
notamment de la tête et du visage
– Dysfonctionnements du système
nerveux central accompagnés des
troubles correspondants.
Les symptômes physiques suivants peuvent
faire partie du SAF:
– Taille et poids au-dessous de la
moyenne
– Petit pourtour crânien (microcéphalie)
– Plis aux coins des yeux
– Petite ouverture des yeux
– Pont nasal profond
– Nez court et aplati
– Fine lèvre supérieure
– Absence de couloir entre la lèvre supérieure
et le nez (philtrum).
A propos des troubles neurologiques et
neuropsychologiques spécifi ques, plusieurs
études récentes montrent que
les symptômes suivants font également
partie du tableau clinique du SAF et des
EFA:
– Troubles du sommeil et réfl exe de
succion réduit chez le nouveau-né
– Retard dans le développement mental
– Intelligence défi ciente (QI)
– Troubles de l’attention et de la mémoire
– Motricité fi ne perturbée
– Hyperactivité et impulsivité
– Troubles de l’élocution et de l’ouïe.
Certains auteurs tendent de plus en plus
à considérer que les problèmes psychosociaux
(problèmes scolaires, comportements
déviants, etc.) rencontrés par
les enfants exposés à l’alcool in utero
sont en rapport avec le SAF ou les EFA.
Les différents facteurs de risque
et leur probabilité de se réaliser
Toutes les formes d’exposition de l’enfant
à l’alcool in utero n’entraînent pas des
atteintes graves à sa santé. On estime
cependant que, pour les femmes alcoolodépendantes
qui consomment beaucoup
durant leur grossesse, le risque de
mettre au monde un enfant présentant
des symptômes de SAF est de 30 à 40%.
Plusieurs études indiquent que de nombreux
facteurs interviennent dans l’apparition
des atteintes pré- et postnatales
spécifi ques, dont les plus cités sont les
suivants :
– Quantité d’alcool consommée pendant
la grossesse
– Manière de boire (consommation
chronique ou occasionnelle)
– Intensité de l’exposition
– Moment de l’exposition au cours de la
grossesse
– Interaction avec d’autres substances
(consommation de tabac, de drogues
et de médicaments)
– Facteurs liés à l’alimentation
– Prédisposition génétique
– Conditions de vie matérielles, pauvreté
– Classe sociale, formation et statut
familial de la mère.
Le diagnostic d’un syndrome d’alcoolisation foetale (SAF)
Il est diffi cile de faire état de données fi ables
concernant la fréquence du SAF. Les
données épidémiologiques concernant
les effets foetaux alcooliques (EFA) et le
«Fetal Alcohol Spectrum Disorder» (FASD)
sont encore plus incertaines. Quant aux
enquêtes réalisées directement auprès
de femmes enceintes à propos de leur
consommation d’alcool, elles sont rares
et posent des problèmes méthodologiques.
Dans la littérature spécialisée, la fréquence
du SAF est estimée de 0.5 à 2 cas
pour 1000 nouveau-nés dans les sociétés
industrielles occidentales. Les estimations
relatives aux effets foetaux alcooliques
sont 3 à 4 fois plus élevées. Quant au
FASD, on estime qu’il touche de l’ordre de
10 nouveau-nés sur 1000. Cela signifi e que
sur les 72 500 enfants qui ont vu le jour en
2004 en Suisse, environ 725 sont nés avec
un FASD, de 36 à 145 présentaient un syndrome
d’alcoolisation foetale et près de
300 un effet foetal alcoolique.
Dans le cadre de la seule enquête portant
sur la consommation de substances
réalisée en Suisse directement auprès
de jeunes parents (Université de Berne,
2004), 450 mères ont notamment été
interrogées sur leur consommation d’alcool
pendant leur grossesse. Parmi elles,
7.4 % présentaient un risque accru de
consommation importante. Sur la base
du chiffre d’environ 70 000 naissances par
année et en se fondant sur un indice de
risque défi ni, cette enquête pionnière, en
dépit de tous ses problèmes méthodologiques,
permet de postuler qu’en Suisse
environ 5000 femmes exposent chaque
année leur enfant au risque d’être atteint
d’un «Fetal Alcohol Spectrum Disorder»
(FASD).
Quelle est la fréquence des dommages dus à l’alcool chez les nouveau-nés?


Les lésions affectant l’enfant et qui sont
dues à la consommation d’alcool de la
mère pendant la grossesse peuvent être
évitées. Pour être effi cace, la prévention
doit agir à plusieurs niveaux:
Informer les femmes enceintes
Il est important que les femmes enceintes
et leurs partenaires puissent prendre
connaissance des risques que représente
l’alcool pour l’enfant à naître. Dans ce
contexte, beaucoup de femmes se demandent
quelle quantité d’alcool elles
peuvent consommer pendant leur grossesse
sans mettre en danger la santé de
leur enfant.
Les connaissances scientifi ques dont nous
disposons aujourd’hui ne permettent pas
de fi xer une limite précise. Dans l’incertitude
et compte tenu du risque d’effets
sévères pour l’enfant, la recommandation
est que les femmes enceintes
devraient renoncer à boire de l’alcool.
Au cas où une future mère en déciderait
autrement, elle doit pouvoir tenir compte
des recommandations sui vantes:
– Ne pas consommer de l’alcool tous
les jours
– Ne pas consommer plus d’un verre
standard d’alcool par jour
– Eviter à tout prix les abus.
Dépistage précoce par le médecin
Les risques liés à une consommation
problématique d’alcool au cours de la
grossesse devraient être identifi és le plus
tôt possible. Le cas échéant, le médecin
devrait en parler avec la future mère et la
motiver à l’abstinence ou l’adresser à un
service spécialisé. Les enfants qui ont été
sérieusement exposés à l’alcool durant
la grossesse peuvent être aidés dans leur
développement par un traitement et un
soutien précoces.
Sensibiliser la population
Il est également important que la population
soit sensibilisée à ce problème. Les
principaux messages à faire passer sont
les suivants:
– Consommer de l’alcool pendant la
grossesse peut menacer la santé et le
développement de l’enfant à naître.
– La période de grossesse implique une
responsabilité partagée dans le couple
et / ou dans la famille proche. Ceuxci
devraient également pouvoir aider
la future mère à s’abstenir de boire de
l’alcool ou à n’en boire que très peu.
Prévention et intervention
Je suis enceinte depuis trois semaines. Peu
avant le test de grossesse positif, j’ai bu trop
d’alcool à l’occasion d’une soirée. Est-ce
que ça a pu faire du mal à mon enfant?
C’est une préoccupation fréquemment exprimée par des femmes
qui viennent d’apprendre qu’elles sont enceintes. Dans
les deux à trois semaines après la fécondation, les cellules
embryonnaires en train de se diviser sont encore assez résistantes
face aux infl uences néfastes venant de l’extérieur. Ainsi,
soit l’embryon n’est pas touché, soit il l’est au point que cela
déclenche une fausse-couche. Le test que vous avez fait montre
que vous êtes enceinte, vous ne devez donc pas vous faire
de souci. C’est à partir de la quatrième et de la cinquième semaine
de grossesse que les organes commencent à se former
et que l’embryon est très sensible aux perturbations pouvant
affecter son développement.
Je suis enceinte et j’ai un problème
d’alcool. Que dois-je faire?
En ayant conscience de votre problème et en demandant de
l’aide, vous êtes sur la bonne voie pour améliorer votre bienêtre
et celui de votre enfant. N’hésitez donc pas à chercher du
soutien auprès d’un-e professionnel-le de la santé et parlez-en
de toute façon à votre gynécologue. Ces personnes pourront,
sans vous juger, vous conseiller et éventuellement vous diriger
vers un service spécialisé en alcoologie où des professionnels
pourront vous accompagner utilement. Ces services sont
gratuits et leur personnel est soumis au secret professionnel.
L’ISPA vous fournit volontiers des adresses dans votre région
(tél. 021 321 29 85).
De plus amples informations pour les femmes enceintes
sont disponibles dans le dépliant «Grossesse et alcool».


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